En juillet 1976, à l’âge de 14 ans et 8 mois, la Roumaine Nadia Comaneci éblouit le public des Jeux de Montréal en remportant 3 médailles d’or (concours général, barres asymétriques et poutre), assortissant son exploit de sept notes parfaites, des « 10 » entrés dans l’histoire de son sport.

Quarante-huit ans plus tard, personne ne pourra faire mieux en termes de précocité, ni aux championnats d’Europe organisés du 24 avril au 5 mai à Rimini en Italie, ni cet été aux Jeux de Paris 2024 : désormais, il faut avoir au moins 16 ans dans l’année pour concourir au plus haut niveau en gymnastique, pour les femmes comme pour les hommes.

► Un règlement de la Fédération internationale

La Charte olympique ne fixe aucune limite d’âge, minimale ou maximale, pour participer aux Jeux, renvoyant cette question aux règlements internes des fédérations internationales de chaque sport. Celle de gymnastique a relevé par deux fois l’âge minimum pour participer aux compétitions seniors : à 15 ans en 1981, puis à 16 ans en 1997.

Cette décision avait pour but de protéger des fillettes contre les abus de la course à la précocité. Des entraîneurs formaient dès leurs 10 ans des enfants musculeuses destinées à réaliser avant leur puberté, et le changement de leur silhouette, des figures acrobatiques plus facilement que des jeunes femmes. Avec des risques pour leur santé physique, mais aussi pour leur développement psychologique et mental.

La mesure a contrecarré des pratiques auxquelles certains pays ont eu du mal à renoncer. En 2006, le Comité international olympique a retiré aux Chinoises la médaille de bronze par équipes des Jeux d’Athènes de 2004. Après enquête, il s’est avéré qu’une gymnaste de 14 ans ayant été engagée en contrevenant aux règlements.

► Un allongement des carrières

Cette réforme visait essentiellement la gymnastique féminine où la question de la précocité se posait davantage que chez les hommes, même si le plus jeune médaillé olympique de l’histoire est un gymnaste grec : en 1896, Dimitrios Loundras, alors âgé de 10 ans, a été médaillé de bronze aux barres parallèles par équipes.

Le changement de règlement a contribué à augmenter l’âge moyen des concurrentes aux Jeux olympiques et à allonger la durée des carrières au plus haut niveau.

Aux Jeux de Tokyo, en 2021, l’Italienne Vanessa Ferrari a été médaillée d’argent au sol à 30 ans, alors que Nadia Comaneci a pris sa retraite sportive à 20 ans. Médaillée d’argent au saut à cheval en 2008 à Pékin à 33 ans, l’Ouzbèke Oksana Chusovitina, de son côté, a participé aux JO de Tokyo à 46 ans.

À Paris, l’Américaine Simone Biles, elle, espère encore briller à 27 ans, huit ans après ses quatre titres obtenus à Rio en 2016.

► Un débat identique en patinage artistique

La gymnastique n’est pas le seul sport à fixer un âge minimum pour participer aux compétitions internationales de seniors et donc aux épreuves olympiques. Il s’agit d’autres disciplines dans lesquelles des silhouettes fluettes peuvent être avantagées.

Soumis au même genre de débat que son homologue de la gymnastique sur la trop grande précocité de ces jeunes championnes, la Fédération internationale de patinage a voté un âge minimum de 17 ans pour disputer des compétitions seniors à partir de 2024-2025.

De même, il faut avoir au moins 14 ans au 31 décembre 2023 pour participer aux épreuves de plongeon à Paris 2024 et avoir 15 ans au 31 décembre 2024 pour concourir en natation synchronisée.

► Des moins de 14 ans dans d’autres sports

D’autres fédérations internationales n’ont pas fixé d’âge minimal. Vice-championne olympique en skateboard, la Japonaise Hiraki Kokona, âgée de 12 ans, a été la plus jeune médaillée des Jeux de Tokyo en 2021.

Engagée dans le tournoi de tennis de table, la Syrienne Hend Zaza, également âgée de 12 ans, est quant à elle la plus jeune participante à cette édition des JO.

Des préadolescents participent aussi parfois avec des adultes aux épreuves d’aviron, un sport où la quête de légèreté pousse à les embarquer comme barreurs. Le Français Noël Vandernotte, alors âgé de 12 ans, avait été double médaillé de bronze aux Jeux de Berlin en 1936. Mais le règlement a évolué depuis. S’il n’y a toujours pas de limite d’âge pour barrer, il y a désormais un poids minimal, fixé à 55 kilogrammes, afin de stopper la course à la légèreté.