Une troisième visite officielle en dix ans. Le président chinois Xi Jinping est attendu en France dimanche 5, lundi 6 et mardi 7 mai pour une visite d’État, au cours de laquelle il devrait discuter avec Emmanuel Macron de la guerre en Ukraine ou encore des investissements chinois en France, notamment dans les batteries électriques.

Cette visite d’État en France marque le début de la première tournée européenne du dirigeant chinois depuis la pandémie de Covid-19. Après son passage dans l’Hexagone, Xi Jinping se rendra en Serbie puis en Hongrie, où il est attendu du mercredi 8 au vendredi 10 mai. Xi Jinping doit atterrir à Paris dimanche 5 mai au soir. Il doit participer lundi à un échange trilatéral avec Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Un dîner d’État aura lieu à l’Élysée le soir, avec les présidents français et chinois ainsi que leurs épouses, en présence de plusieurs artistes chinois. Les deux couples se rendront le lendemain dans les Hautes-Pyrénées, au col du Tourmalet, mythique ascension du Tour de France, où Emmanuel Macron veut partager un moment plus intime avec son homologue chinois. Il s’y est fréquemment rendu dans son enfance pour rendre visite à sa grand-mère maternelle, Germaine Noguès, décédée en 2013 et qui habitait à Bagnères-de-Bigorre.

Soirée inédite à Versailles en 2014

Auparavant, le président chinois s’est rendu en France en 2014 et en 2019, respectivement pour marquer le 50e et le 55e anniversaire des relations bilatérales. La France du général de Gaulle avait été le premier pays occidental à reconnaître la Chine communiste en 1964. En 2014, Xi Jinping a entamé sa première visite d’État en France à Lyon, où sont passés nombre d’anciens dirigeants du Parti communiste chinois, à l’image de Deng Xiaoping.

Outre le dîner à l’hôtel de ville, Xi Jinping a notamment été visiter le centre de recherche en biologie moléculaire BioMérieux, qui a implanté un laboratoire à Wuhan. Le président chinois a ensuite été accueilli à l’Hôtel national des Invalides à Paris par François Hollande, avant un entretien avec le président français à l’Élysée. Xi Jinping a par ailleurs été le premier chef d’État chinois à visiter le siège de l’Unesco où il a prononcé un discours. Sa femme, elle, a été nommée envoyée spéciale pour la promotion de l’éducation des filles et des femmes de l’institution.

Xi Jinping et François Hollande ont célébré les 50 ans des relations diplomatiques entre la Chine et la France au Quai d’Orsay, en amont d’une soirée au château de Versailles – une première pour un dirigeant chinois – avec au programme la visite de la galerie des Glaces, un concert à l’Opéra royal et enfin un dîner privé au Grand Trianon.

Cette visite avait une forte connotation économique, puisque les deux chefs d’État ont présidé une cérémonie de signature de grands contrats pour un montant de 18 milliards d’euros, avec notamment la formalisation de l’accord sur l’entrée au capital du groupe PSA (devenu Stellantis) de l’État français et du constructeur automobile chinois Dongfeng. Airbus a pour sa part signé un contrat de quelque 5,8 milliards d’euros pour produire 1 000 hélicoptères avec la société chinoise Avicopter, en plus d’un protocole d’accord portant sur l’achat par la Chine de 70 appareils d’une valeur de 7 milliards d’euros.

Front commun européen

Cinq ans plus tard, c’est au tour d’Emmanuel Macron d’accueillir Xi Jinping, dans le contexte des tensions diplomatiques et commerciales entre la Chine et les États-Unis. Le président français a reçu son homologue chinois sur la Côte d’Azur pour un dîner privé, avant un accueil formel le lendemain sous l’Arc de triomphe à Paris. Les deux présidents ont ensuite été rejoints à l’Élysée par la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, Emmanuel Macron cherchant à unifier l’approche européenne face aux ambitions chinoises. Xi Jinping, pour sa part, venait de signer en Italie un accord pour la nouvelle route de la soie, un immense projet stratégique de Pékin visant à relier économiquement la Chine à l’Europe.

Encore une fois, la visite de 2019 a été ponctuée d’annonces de contrats commerciaux, notamment dans les domaines de l’agroalimentaire, de l’énergie et de la culture, mais surtout l’aéronautique avec un contrat de 300 Airbus pour un montant de 30 milliards d’euros. Les précédentes visites de Xi Jinping en France avaient été par ailleurs marquées par des manifestations d’opposants, notamment en faveur de la cause tibétaine ou la défense des droits de l’homme. Des mobilisations sont à nouveau prévues cette année, dimanche 5 mai notamment à Paris, pour dénoncer à la fois la répression des Ouïghours au Xinjiang et celle des Tibétains.